Ce film de fiction à l’esthétique documentaire explore les liens entre la danse et le cinéma. À travers mon regard de monteur et réalisateur de cinema, cohabitant avec le monde de danse depuis plusieurs années.
À partir d’images issues de mes projets de danse, le film propose une réinterprétation de ces mouvements à travers un travail de montage, révélant comment ces deux arts se rejoignent dans l’intention et le mouvement.
Guidé par ma voix, le spectateur est invité à réfléchir sur la manière dont chaque geste dansé, chaque plan de montage répondent au sensible, où rien n’est laissé au hasard. Là où le cinéma traditionnel cherche souvent à masquer le montage, ce film met au contraire l’accent sur cet art.
À mi-chemin entre expérimentation artistique et réflexion intime, ce film questionne la nature même du mouvement et de l’art cinématographique, en liant deux mondes distincts mais profondément connectés.
Ce film est né d’une réflexion personnelle du lien entre le cinéma et la danse. Je suis monteur et réalisateur au sein d’une compagnie de danse et me trouve en perpétuelle connexion entre, d’une part le monde du cinéma, un art «figé» mémoire du temps, et celui de la danse, art vivant qui évolue avec le temps.
Cette coabitation artistique m’a poussé à m’interroger sur ma place dans l’art de la danse, et plus particulièrement sur la manière dont le montage, essence de l’art cinématographique, peut se lier artistiquement à la danse. Dans mon travail au sein de la compagnie, je me mets au services de la danse, ici je veux mettre la danse au services du cinéma.
Ce film veux donner à voir la danse par le montage, et le montage par le mouvement. Les séquences que j’utiliserai sont issues de différents projets, filmées au fil de mes années de travail dans la compagnie. Ces images, à l’origine créées pour d’autres contextes, seront ici réinterprétées à travers un travail d’écriture de montage. Ce processus de réappropriation redonne un autre sens aux images, offrant un nouveau regard sur ces mouvements. Il s’abstient de toute forme esthétique et technique pour servir l’intention et le sensoriel de l’oeuvre.
C’est avant tout un film de montage, un film expérimental qui déséquilibre pour rééquilibrer.
Là où le cinéma cherche à effacer le montage pour rendre la narration fluide, ici, je cherche à le révéler. Montrer la structure même du montage comme élément central du récit. J’ancre ce projet dans une philosophie d’un “cinéma authentique”.
Ce film est un dialogue entre ces deux formes d’expression. C’est une manière de faire se rencontrer l’humain à travers ces intentions, que ce soit par la danse ou par le montage.
Cette phrase résonne dans ma vision du montage cinématographique. Elle reflète l’essence de mon projet, qui cherche à interroger ce qui se trouve dans une image, mais aussi ce qui se passe entre les images, dans cet espace invisible que crée la coupe.
Le débuts du cinéma, a été le terrain d’exploration de penseurs et d’avant-gardistes qui ont reconnu l’importance fondamentale du montage.
Pour Jean-Luc Godard, «la seule invention du cinéma» réside précisément dans cet art de l’assemblage, dans la capacité du montage à transformer des images autonomes en un discours, une pensée. C’est dans cet héritage que s’inscrit mon film.
Le montage, selon ma vision, dépasse la simple juxtaposition technique de plans. C’est un acte philosophique, une manière de donner un sens aux images par leur mise en relation.
À la manière des travaux de Sergueï Eisenstein, pour son Koulechov, mon projet explore comment une coupe peut transformer le sens d’un plan, provoquer une émotion, ou éveiller une réflexion au travers de la danse. Ce lien entre les plans, est au cœur de ma démarche.
Ce film ne cherche pas à raconter une histoire linéaire, mais est un travail qui repense le rôle de la coupe. À l’image d’un chorégraphe qui construit une danse à partir des mouvements singuliers de ses interprètes, je veux construire un film à partir des fragments visuels, où chaque cut devient une articulation du propos. En explorant cette voie, je m’inscris dans une pensée philosophique sur le montage, qui mets en avant l’intention avant la forme.
Ce projet est une tentative de réinventer le lien entre les images et de donner au spectateur une place active dans la lecture du film.